DES INSTRUMENTS DANS LES CAMPS ?
Dans les premiers camps, les détenus politiques qui sont arrêtés emportent très peu d’effets personnels, mais certains peuvent par la suite écrire à leur famille pour se faire envoyer leur instrument et des partitions.
Dans les cas où des musiciens détenus arrivent avec leur instrument, ce dernier est immédiatement confisqué.
Dans de rares cas, un responsable SS lui-même passe commande aux frais des détenus, ou bien des instruments sont fabriqués dans le camp.
C’est le cas de la contrebasse de Mauthausen.
ORCHESTRES DE DÉTENUS ET PRESTIGE DES COMMANDANTS
Dès l’ouverture des premiers camps dits « de rééducation », la presse officielle allemande est invitée afin de vanter leur efficacité.
Les photos de musiciens publiées à cette occasion visent à rassurer l’opinion quant aux conditions de détention.
De leur côté, les commandants sont fiers de faire jouer « leur » orchestre de détenus lors de visites d’officiels.
Certains ensembles atteindront un niveau musical de qualité, malgré les conditions difficiles d’exercice et de conservation des instruments.
« Nous avons vu et entendu cette fanfare dont les musiciens portaient des costumes chamarrés d’or, fastueux souvenirs d’un cirque défunt. Après cela, nous étions décidés à ne plus nous étonner de rien. »
Bernard-Aldebert, Chemin de Croix en 50 stations, 1946
UN STATUT « PRIVILÉGIÉ »?
Le statut des musiciens des orchestres officiels varie au fil des années.
Dans les premiers camps, leur charge s’ajoute au travail quotidien dans les équipes de travail, les Kommandos. À partir de 1942, pour maintenir l’ordre et obtenir un rendement maximum des détenus, les orchestres deviennent indispensables et acquièrent quelques privilèges.
Dans certains cas, leurs membres peuvent se consacrer uniquement aux répétitions et bénéficier de moins maigres rations alimentaires, voire de « primes ». Les musiciens juifs des orchestres échappent provisoirement aux transports vers les chambres à gaz. Après février 1945, les orchestres sont peu à peu dissous et les quelques privilèges disparaissent.